Depuis 2015, la fondation Pairi Daiza mène des projets de protection de l’environnement et des espèces. C’est elle qui gérera la forêt Nassonia. Mais elle doit en trouver les moyens. On parle abondamment – à Nassogne et ailleurs – du projet Nassonia, porté par Eric Domb. Si Pairi Daiza, le parc animalier qu’il dirige, est très bien connu du public, celui-ci ignore en revanche la Fondation Pairi Daiza qui sera le véritable « opérateur » de Nassonia si celui-ci voit le jour. Créée en mai 2015, cette fondation d’utilité publique a pour objet de promouvoir « le développement de l’homme en parfaite harmonie avec la nature ». Les projets qu’elle a déjà mis en œuvre et qu’elle a dans ses cartons en disent plus : soutien à des initiatives de conservation et de réintroduction d’espèces animales, financement de recherches scientifiques, bien-être animal… La forêt « rendue à la nature » de Nassonia à Nassogne ajoutera une touche de protection des habitats et de la biodiversité à ce tableau déjà fourni. Avec quels moyens ? Dotée d’un capital de 10.000 euros, la fondation recueille les dons (déductibles) des particuliers et des entreprises, de même que les legs. Elle organise également – pour 15 à 150 euros – le parrainage d’espèces présentes dans le parc animalier de Brugelette. Elle propose à ses visiteurs d’être « soigneurs d’un jour » et, pour 200 euros, de suivre les soigneurs dans leur travail et de découvrir les coulisses de Pairi Daiza. Et elle recrute des « ambassadeurs » – 2.500 euros par an… Un démarrage : en 2015, la fondation a engrangé quelques dizaines de milliers d’euros. Nassonia sera donc son véritable décollage. Le 21 septembre prochain, la fondation organisera un grand gala de levée de fonds auprès d’entreprises et d’hommes d’affaires. Cinq cents personnes assisteront à un dîner à 250 euros le couvert couronné par la mise aux enchères d’objets divers. De quoi récolter un coquet pactole. Qui sera cependant loin de suffire s’il lui faut débourser chaque année 400.000 euros (au moins) pour louer 1.548 hectares de forêt ardennaise. Pendant une période d’amorçage, la société anonyme Pairi Daiza restera donc le principal bailleur de fonds de la fondation, indique son président Eric Domb. Même si elle a la vocation de se financer jusqu’à l’équilibre via la vente de bois, la location de droits de chasse et des activités de tourisme « doux », la forêt Nassonia ne rapportera pas grand-chose dans un premier temps. Pas d’enrichissement « Pour moi, Pairi Daiza et la fondation, ce sont les deux faces d’une même médaille, plaide le patron du parc et président de la fondation. On continue à embellir le parc, l’entreprise est sur orbite et dégage les ressources nécessaires à sa pérennité. Mais ce n’est pas une fin en soi. De l’autre côté, je veux utiliser l’expérience acquise, le réseau, la capacité de mobiliser des énergies qui le demandent pour une finalité qui n’est pas économique : la conservation de la nature. » Domb ne se lasse pas d’insister : la fondation n’a pas pour objectif de l’enrichir ni de financer par la bande des activités de la SA Pairi Daiza. « Son but est totalement désintéressé. Cela veut dire que ses fondateurs ne pourront en tirer aucun bénéfice et que ce qu’ils y investissent (argent, services, patrimoine) ne pourra être récupéré. » La crainte que Nassonia tombe « en de mauvaises mains » en cas de défaillance de la fondation ? Elle est soldée par l’article 29 des statuts : « En cas de dissolution, l’actif net doit obligatoirement être affecté à une fin désintéressée aussi proche que possible du but de la fondation ». Autre souci : éviter le soupçon que des activités lucratives à Nassonia puissent bénéficier à des membres de la fondation ou à des sociétés qui leur seraient liées. « Nous vivons dans une société de caste, on est dans des tiroirs, regrette Domb. Dans l’esprit de beaucoup, un entrepreneur ne peut pas être autre chose qu’un homme d’affaires : toutes ses actions ne peuvent avoir qu’un esprit de lucre. On est présumé coupable de chercher à faire du fric et on doit prouver le contraire. Nous devons répondre à ce soupçon d’enrichissement personnel, de réappropriation, de conflit d’intérêts. » Une montée en puissance
Si le montage de Nassonia ne sera pas chose aisée (voir par ailleurs), la fondation Pairi Daiza monte doucement en puissance en collaboration avec des associations, des ONG, des universités et des centres de recherche. Elle a ainsi participé au relâchage, dans les gorges du Verdon (France) en septembre 2015, d’un vautour moine né au parc en mars 2015. Grâce aux dons récoltés via la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank, elle participe, en collaboration avec l’association européenne des parcs zoologiques (Eaza), à des recherches de trois laboratoires visant à améliorer le diagnostic et à mettre au point un vaccin contre l’herpès des éléphants, un virus hémorragique mortel pour le pachyderme. La fondation se portera également acquéreuse d’éléphants dont des cirques voulaient se débarrasser ; dans ce cadre elle prendra soin de cinq vieux éléphants déjà acquis par Pairi Daiza. Elle a financé la réintroduction de coraux au large de Bali (Indonésie) et s’apprête à soutenir un projet visant à faire de même avec le tétras-lyre dans les Fagnes. Enfin, dans le cadre de Cap 48, la fondation Pairi Daiza soutient des ASBL associant la protection de l’environnement et l’aide aux personnes handicapées. Et, bien plus loin d’ici, apportera son soutien au parc national des Virunga (Congo) en mettant à sa disposition un avion-cargo. MICHEL DE MUELENAERE – Le Soir du 15 septembre 2016
Yves Burton
20/9/2016 15:54:38
Bravo à Monsieur Domb pour son oeuvre. Il a raison de se protéger contre le risque de récupération par des financiers.Son activité est, peut-être, une goutte d'eau dans la protection de la nature , mais je crois que c'est le commencement d'un grand mouvement qui sauvera notre planète et son biotope ; cela me rappelle la fin de la BD "les vieux fourneaux" 2e tome , La section commentaire est fermée.
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Octobre 2018
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