Dreamteam champêtre réunie ce samedi matin dans les bois de Mochamps (Tenneville) au lieu-dit Barrière Mathieu. René Colin, le ministre wallon de la Nature et de la Forêt, Eric Domb, le patron de Pairi Daiza, et Benoît Lutgen, flanqué de sa double casquette de bourgmestre et de président de parti (cdH), affichaient un sourire unanime. Eric Domb et la Région wallonne ont signé le contrat de gestion de la forêt de demain.
Sur le coup de 11 heures, après trois longs discours émus partagés avec les chevilles ouvrières locales du dossier (dont le Département Nature et Forêts), les deux partenaires public et privé ont signé le contrat qui liera pour 80 ans (bail de 20 ans renouvelable à trois reprises) la Région wallonne, propriétaire du domaine forestier Saint-Michel Freyr (1.645 hectares), et son locataire-gestionnaire privé, la Fondation Pairi Daiza. La Fondation ne devrait d’ailleurs pas en rester là. Le bourgmestre de Bastogne, Benoit Lutgen, a confirmé apporter en dot, en geste de soutien indéfectible au mariage le plus médiatisé du jour, 170 hectares de forêt communale attenante au domaine de départ. Il a ajouté vouloir montrer à ses voisins qu’une spirale positive est en marche et ne pas douter que d’autres communes limitrophes adhéreront rapidement au projet à présent balisé et limité au périmètre marqué par la Fagne de Rouge Ponceau (N89), le Sart aux Navets (Awenne), la Halle et la Fagne du Taureau (Mochamps) sur les entités de Tenneville, Nassogne et Saint-Hubert. Très en verve et en phase avec son président de parti, René Collin a annoncé avoir déjà entamé de son côté des discussions avec les responsables provinciaux pour envisager d’intégrer au projet initié par Eric Domb et la société coopérative créée à cet effet les domaines de Mirwart et du Fourneau Saint-Michel. À terme, une assise de 4.000 hectares de forêt semble être l’objectif à atteindre pour que le masterplan-programme lancé sur les 1.645 hectares de départ - à l’étude durant deux ans à partir d’aujourd’hui - puisse réellement atteindre une masse critique et porter pleinement ses fruits. À ce sujet, Eric Domb parle du modèle anglais initié par le National Trust pour fédérer et gérer les anciens domaines privés lourds à porter. Se disant particulièrement ému de cet accouchement enfin consacré au terme d’une gestation riche en revers et rebondissements, il a brandi le contrat comme s’il s’agissait de sa "Coupe du Monde" à lui. "On ne part pas de zéro; et je voudrais d’ailleurs en profiter pour saluer le travail remarquable effectué par le DNF (Département Nature et Forêts) depuis des décennies, ainsi que celui de leurs prédécesseurs qui veillent sur ce patrimoine wallon unique depuis des lustres et surtout depuis la rédaction visionnaire du premier Code forestier, voici plus de 150 ans déjà", a prolongé Benoît Lutgen qui, alors ministre de tutelle, avait coordonné il y a dix ans la révision de ce même Code forestier datant de 1854. René Colin, un brin nostalgique, n’a pas manqué d’énumérer les nombreux avatars rencontrés par Eric Domb pour voir enfin son bébé porté sur les fonts baptismaux. "Une gestation bien plus longue que celle d’un éléphant…", a-t-il ajouté. Pour rappel, un appel à projet avait été lancé en juin 2017 par la Région wallonne suite à l'abandon du projet "Nassonia", initié dès 2015 par la Fondation éponyme sur 1.500 hectares de forêt communale à Nassogne. Depuis, cette chasse communale a été remise en location, hypothéquant toute chance de voir aboutir le projet initial – pour l’instant du moins. Devant la virulence des oppositions locales, relayées par le bourgmestre de Nassogne, Eric Domb avait alors affirmé abandonner définitivement son rêve de forêt différenciée. "Dès le lendemain, j’ai repris le dossier en me disant qu’Eric avait parlé à chaud, déçu et vexé qu’on n’ait pas compris son rêve, et qu’il reviendrait à de meilleurs sentiments une fois cet échec digéré", a rappelé René Collin. Dans l’esprit, le dossier bis - porté cette fois à bout de bras par le ministre wallon en personne - visait à établir à terme, sur un domaine forestier identifié par des experts universitaires sur base de critères préalablement définis, une cogestion entre le DNF et un promoteur privé dans le but de renforcer la biodiversité, la recherche et des aspects touristiques. Mais dans la lettre, on attendait de voir ce que contiendrait exactement le cahier des charges visant la future exploitation de la forêt domaniale - classée Natura 2000 et réserve naturelle par endroits - pour la rédaction duquel René Collin avait reçu les pleins pouvoirs du Gouvernement wallon avant l’été 2017. Comme beaucoup l’auguraient, c’est le projet de la Fondation Pairi Daiza qui a été retenu à l'automne dernier par le gouvernement wallon. Eric Domb était en effet le seul candidat privé à avoir remis une offre recevable pour exploiter la forêt domaniale de Saint-Michel-Freyr, choisie pour lancer ce partenariat public-privé. "Je salue le courage politique et la ténacité de René, car il en fallait pour arriver à signer enfin ce contrat remis sur le métier tant et tant de fois!", a commenté Eric Domb, qui explique le peu de candidatures reçues alors non par les délais imposés, mais par le fait que le projet remis devait être "totalement désintéressé". Pour permettre à la société coopérative à finalité sociale chargée de gérer à présent toutes les activités commerciales sur le domaine concerné, les recettes régionales annuelles dégagées chaque année par les ventes de bois et de gibier sur le territoire visé – quelque 165.000 euros - seront intégralement versées sur un fonds budgétaire ad hoc dédié au développement du projet. Elles serviront notamment à financer l’établissement du masterplan qui cadrera dans 24 mois la mutation douce du domaine sous tutelle publique-privée. Il y sera notamment question de tourisme "diffus", cadré dans l’espace (par zones) et dans le temps (selon les saisons) tout en garantissant le décret régional cadrant la circulation en forêt. Le gestionnaire devra également veiller à cadrer la chasse sur ses nouvelles terres. Selon le DNF, elle y serait déjà actuellement différenciée, "plus douce et respectueuse de la faune, notamment par les poussées silencieuses". Interrogés à ce sujet, les chasseurs du coin préfèrent ne pas se prononcer, arguant n’avoir pas été informés à ce stade du projet précis, même durant la période de transition.
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Octobre 2018
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